Discours d’accueil : Pour un rassemblement citoyen à gauche et écologiste, réunion publique du 6/11/2013

Discours B Monville6:11:13

Discours

Pour un rassemblement citoyen à gauche et écologiste, réunion publique du 6/11/2013

Bonsoir,

Je voudrais d’abord remercier chaleureusement l’ensemble des participants de s’être déplacés par une soirée d’automne pluvieuse et je voudrais aussi particulièrement remercier mes camarades d’Europe Écologie Les Verts, du Front de Gauche et du parti communiste qui ont permis que cette réunion ait lieu ce soir.

Pourquoi nous, les militantes et militants d’Europe Écologie Les Verts et des écologistes melunais voulons ce rassemblement citoyen à gauche et écologiste ?

Parce que nous pensons que l’écologie politique offre des réponses concrètes et efficaces à la question de l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens melunais. Un combat politique local qui commence avec notre engagement quotidien contre l’injustice sociale et la destruction de notre environnement naturel.

Et l’injustice sociale à Melun on sait ce que c’est. Notre ville est pauvre. Le revenu moyen annuel y est inférieur de 26% au reste du département. Un quart des ménages seulement y sont propriétaires de leur logement quand ils sont plus de 63% dans l’ensemble du département, un écart de 37 points. Le taux de chômage des 15 à 64 ans est à Melun de près de 4 points supérieur au taux de chômage en Seine et Marne et de plus de 3 points supérieur au taux de chômage de la France entière.

Bref, à Melun la pauvreté on connait.

Les quartiers nord que la mairie appelle maintenant par euphémisme les hauts de Melun, comme si derrière un mot on pouvait cacher la misère et l’injustice, concentrent toutes les difficultés : 80% des logements sociaux, 20 à 40% des jeunes de plus de 15 ans qui y vivent n’ont aucun diplôme et ne sont pas scolarisés, les familles monoparentales et les populations immigrées, souvent parmi les plus fragiles, y sont sur-représentées. Ce sont aussi les quartiers les plus enclavés parce qu’ils sont éloignés de la gare, éloignés des bassins d’emplois et qu’ils subissent plus que les autres le manque de transport en commun dans la ville.

Bref, l’exclusion et l’inégalité sociale, à Melun, on sait aussi ce que c’est.

Mais les quartiers nord de la ville, c’est aussi la plus forte proportion de la population de moins de 26 ans, un formidable réservoir d’énergie. Et Melun tout entière est une ville jeune. Pourtant, 23% des jeunes melunais de plus de 15 ans n’ont aucun diplôme, c’est presque 5 points de plus que pour le départementet ce pourcentage ne cesse d’augmenter. Le taux de scolarisation des 18-24 ans est inférieur de 10 points au taux national (40%). Et les jeunes Melunais entrent de plus en plus jeunes dans la vie active (taux d’activité est particulièrement élevé pour les 15-24 ans (52,2%). Or ces jeunes sans diplôme n’ont quasiment aucune perspective de mobilité sociale, au mieux ils stagneront au bas de l’échelle au pire ils seront exposés à la précarité et au chômage.

Notre ville doit s’engager dans des programmes éducatifs ambitieux qui visent à redonner à tous les jeunes melunais le temps d’apprendre et le soutien nécessaire à la réussite. Parce que nous savons bien que, parmi nous, ce sont les plus diplômés qui réussissent le mieux, qu’ils bénéficient du taux d’emploi le plus fort et des emplois les mieux rémunérés.

Et puisque nous avons parlé des jeunes, parlons aussi des plus âgés. 14% de la population melunaise a plus de 60 ans et 6% plus de 75 ans. Mais la moitié des plus âgés vivent seul. Or savez-vous ce qui fait la longévité de la vie, en plus d’une bonne hygiène de vie ? Le vivre ensemble justement, le fait de ne pas être esseulé, d’être entouré par les siens et inscrit dans un tissu social où on se sent pleinement intégré.

Alors Melun, c’est aujourd’hui un triste bilan.

Et je vais ajouter rapidement quelques faits qui me tiennent particulièrement à coeur : Melun c’est une des eaux les plus chères de la Seine-et-Marne ; Melun c’est un hôpital public amputé, abandonné par les autorités locales au détriment de la santé des habitants de la ville et Melun ce sont des cantines scolaires dont la gestion a été privatisée, confiée à un grand groupe de la restauration collective qui s’enrichit en servant à nos enfants de la nourriture industrielle. Je pourrais également parler de l’endettement considérable de notre ville, dont on découvre ces jours-ci l’énormité, signe ultérieur de l’irresponsabilité de ceux qui gouvernent notre ville depuis trop longtemps. Je pourrais également parler de l’abandon de la Seine qui constitue pourtant une de nos richesses, d’un plan de circulation qui ne respecte pas les populations handicapées en ne leur permettant pas de se déplacer en toute sécurité dans la ville, qui ne laisse aucune place au vélo et qui n’en laisse pas beaucoup plus aux piétons obligés de se serrer sur des trottoirs ridiculement étroits dans de nombreuses rues du centre ville, des espaces boisés ou de nature sauvage qui disparaissent, vendus à des promoteurs immobiliers, alors qu’ils représentent des espaces de loisirs gratuits, accessibles à tous et qu’ils sont nécessaires à la qualité de notre vie et de l’air que nous respirons.

Triste bilan, en effet, d’une droite qui gouverne la ville depuis plusieurs décennies sans discontinuité, d’une droite dont une partie de ses membres, trop honteux sans doute de ces choix politiques calamiteux, quittent aujourd’hui le navire.

Et Melun n’est pas un ilot au centre de nulle part. C’est pour cela que notre engagement dans des politiques locales justes et fraternelles doit être cohérent avec un engagement à lutter sur le plan national contre les politiques d’austérité.

Comment comprendre que dans notre société qui a fait du travail le principal instrument d’intégration sociale, plus de 10% de la population active et plus de 20% des jeunes soient privés de la possibilité d’accéder à l’emploi? Comment comprendre qu’on accepte la précarisation croissante des conditions de travail en remettant en cause les accords collectifs obtenus grâce aux luttes des travailleurs salariés. Comment comprendre que dans cette même société ceux qui n’ont que leur force de travail et leur intelligence à vendre soient condamnés à la stagnation sociale voire à l’appauvrissement quand une minorité accumule comme jamais une richesse construite sur la rentabilité du capital contre l’investissement et contre le travail.

Comment comprendre encore que dans notre société qui se réclame de l’humanisme et a placé l’homme au centre de ses préoccupations, les maladies de civilisation progressent de manière aussi dramatique parce que rien n’est fait pour changer un modèle économique de développement qui repose sur l’exploitation inconsidérée et la pollution de nos ressources naturelles.

Alors oui, nous nous réclamons de l’écologie politique et de la gauche, la gauche de 1936 et du front populaire, celle des congés payés ; la gauche de 1945 et du conseil national de la résistance, celle des retraites par répartition et de la sécurité sociale ; la gauche de la diminution et du partage du temps de travail, parce que nous aimons tous le plaisir qu’il y a, à prendre le temps de vivre avec les nôtres.

Alors oui nous nous réclamons de l’écologie politique et de la gauche, celle qui lutte contre l’insécurité mais d’abord contre l’insécurité sociale : la précarité, la pauvreté, le chômage. Une insécurité sociale qui fait le lit de toutes les violences et de toutes les criminalités. Sauf peut-être celle contre laquelle nos gouvernants sont les moins prompts à lutter la criminalité en colle blanc.

Oui, nous nous réclamons bien de la gauche, de cette gauche écologiste qui a compris que l’être humain doit tenir compte pour garantir son propre bien être des limites que la nature nous a imparties, qui a compris qu’une croissance économique infinie dans un monde fini n’est tout simplement pas possible, une gauche qui a compris que le bien-être des êtres humains est indissociable de la protection de la nature.

Nous dénonçons la rhétorique droitière qui fait des plus faibles d’entre nous, femmes, immigrés, sans papiers, exclus, jeunes issus de l’immigration, des raisons suffisantes, aux difficultés de la société français, et nous luttons pied à pied contre ces armes de division massive que représentent le racisme, le sexisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie.

La société heureuse que nous appelons de nos voeux, respectueuse de toutes les femmes et de tous les hommes qui la composent, soucieuse de ses enfants, respectueuse de la nature et des animaux, cette société est possible et elle s’invente aussi ici à Melun avec nous tous et pour nous tous.

Car des solutions existent pour améliorer considérablement nos conditions d’existence et tout à l’heure Claude qui est assis devant moi exposera quelques unes de nos propositions pour Melun. Des propositions que nous sommes ici pour discuter, que nous sommes ici pour amender, que nous sommes ici pour compléter. Parce que nous croyons en la démocratie participative parce que nous croyons que le bien vivre ensemble s’invente ensemble et qu’il faut pour cela que toutes les générations s’impliquent et se sentent partie prenante de la politique de la ville. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous avons convoqué avec le Front de gauche et nos camarades du parti communiste cette réunion. Parce que nous, militants écologistes d’Europe Écologie Les Verts, croyons que c’est ensemble en dialoguant, que c’est ensemble en discutant que nous réussirons à changer Melun, à réunir cette ville désunie pour bien vivre ensemble à Melun.

Bénédicte Monville-De Cecco