L’exercice de la citoyenneté et, son corollaire, la liberté d’expression connaissent des heures difficiles en ces temps d’état d’urgence. Nous avons appris que Jean-François Chalot, militant social associatif très actif sur l’agglomération de Melun, a été assigné à comparaître au Tribunal de Grande Instance de Melun le jeudi 10 novembre à 13h30 suite à la plainte  déposée par le Directeur de l’hôpital de Melun pour « diffamation ».

Le contexte est celui des combats de Jean-François Chalot pour défendre les plus défavorisé-e-s, soutenir une action sociale digne de ce nom et maintenir les services publics, ce qui l’a fait participer au comité de défense de l’hôpital Marc-Jacquet, opposé à la mise en place d’une plateforme hospitalière publique-privée au nord de Melun.

En février 2015, alors que le Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques de Seine-et-Marne dont il est un membre actif avait sollicité le 22 décembre 2014 le Conseil général, propriétaire des locaux de l’Ecole Normale désaffectée toute proche, afin d’y aménager un centre d’hébergement, sans succès, un homme meurt de froid dans sa voiture près du service d’Urgences. Entre-temps, le Directeur de l’hôpital avait alerté sur la possibilité que des locaux de l’hôpital puissent être squattés.
La diffamation tiendrait à ce que Jean-François Chalot a écrit sur son blog, notamment le 7 février 2016. Chacun pourra en juger ici :
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/carton-rouge-pour-le-directeur-de-163361
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/un-homme-est-mort-de-froid-a-melun-163255

Le communiqué du 7 février que Jean-François Chalot y diffuse reprend ni plus ni moins ce que l’on pouvait trouver dans la presse, qu’il cite, pour les faits, en défendant simplement le point de vue de l’association à laquelle il participe, sur la base de convictions et en conformité avec ses actions citoyennes et solidaires. Il n’y a pas de mise en cause personnelle mais une divergence d’opinion, notamment sur l’administration d’un hôpital. Que celle-ci soit trouvée honteuse doit pouvoir encore être exprimée, du moins l’espérons-nous !

Si rapprocher la mort de cet homme tout près de l’hôpital et la déclaration du directeur de l’établissement ayant pour possible conséquence de fermer une opportunité de s’abriter des rigueurs de l’hiver, faisant ainsi passer la solidarité humaine après le souci du gestionnaire, est une diffamation alors que cela tient à une approche morale – liées aux moeurs et à la vie de la communauté –  largement répandue dans l’opinion publique, que pourra-t-on dire qui diffère de l’expression d’un pouvoir quelqu’il soit sans se retrouver devant les tribunaux sur un tel motif? Il s’agirait alors aussi de savoir si un poste à responsabilités permet de se passer de les assumer jusque dans les déclarations qu’il amène à tenir, pour s’en décharger devant les tribunaux sur toute personne qui en ferait la critique.
Enfin, si le directeur de l’hôpital agit en son nom propre, ce que nous ne pouvons dire, son action en justice s’inscrit de toute façon dans un autre contexte, grave pour la démocratie, qui conduit à entraver l’action de nombre de militant-e-s citoyen-ne-s, d’associations ou de syndicats ayant le tort d’une parole et de convictions différentes de la pensée unique libérale ambiante, qui chapeaute en l’occurrence les politiques hospitalières actuelles.
Il nous paraît donc d’autant plus nécessaire d’apporter notre soutien à Jean-François Chalot, en souhaitant que le souci de la liberté d’expression et de l’action citoyenne soit conforté par la justice, en prononçant la relaxe.

Nous nous associons à la manifestation organisée par différentes associations devant le Tribunal de Grande Instance au moment de sa comparution, jeudi 10 novembre à 13h30.

 

PS (11 novembre 2016) : le tribunal a finalement prononcé la relaxe, et nous nous en félicitons pour la démocratie et la liberté d’expression.