Le problème de la circulation sur l’avenue Thiers pourrait être enrayé grâce à un projet politique ambitieux visant à redonner la ville à ses citoyens.
En plus du contournement de sa ville, quel élément de réponse est apporté ici par le maire de Melun? Il souhaite taxer les camions, qui représentent, selon les chiffres régulièrement donnés, seulement 8% du traffic concerné, et encore : en serait exclu le transit de desserte locale, qui ne doit pas être négligeable puisqu’il faut desservir une agglomération de plus de 100000 habitants (voire, avec Sénart 250000…). Peut-on souhaiter une solution qui pénaliserait les PME ou TPE ou les artisans quand les grands groupes n’auront guère de difficulté à la payer? L’article du Parisien suggère par ailleurs que l’idée d’une taxation sur le réseau secondaire est déjà à l’étude au niveau départemental : Gérard Millet ne promeut donc rien mais récupère à son compte, à des fins électorales, sans doute, une idée proposée par d’autres.
Sans une approche globale, on ne peut pas prétendre être efficace. Or, Gérard Millet fait le contraire. D’une part, il envisage un parking-relais dans l’éco-quartier à venir sur le tracé du T-Zen, ce qui est en soi une bonne idée visant à limiter le recours à la voiture pour les riverains désireux de prendre le train direct en gare de Melun, mais d’autre part, il projette d’accroître le stationnement aux environs de la gare, ce qui aura pour conséquence d’augmenter encore le trafic local sur l’avenue Thiers. Certes, construire des ponts de franchissement de la Seine en amont et en aval peut être un levier pour une meilleure répartition du trafic routier traversant l’agglomération; mais en faire le support d’un contournement de la ville ne consiste, finalement, qu’à déplacer le trafic. Comment s’étonner que les éventuelles communes concernées s’y opposent?
Voilà pourtant quelques pistes à suivre :
1) instaurer un autre mode d’usage des transports avec davantage de parkings relais qui devront aussi servir de support au co-voiturage.
2) augmenter la fréquence des bus, en particulier le soir. On connaît l’importance du temps passé par les Franciliens de la Grande Couronne dans les transports : 24%, près d’un quart, sont à plus d’une heure de leur lieu de travail. A Melun il semble qu’on ignore l’amplitude de leurs horaires de travail : car pour être sûr d’attraper un bus, mieux vaut ne pas travailler après 20 h!! Ne parlons pas de la possibilité de sortir le soir, surtout au regard de l’offre melunaise…
3) étudier la possibilité de désengorger Melun par la mise en service de lignes de train direct dans certaines gares environnantes : le Mée, Dammarie, Livry, etc.
4) revoir le plan de circulation, permettre un recours plus facile et sécurisé du vélo, et autres moyens alternatifs aux véhicules motorisés individuels, etc.
Concernant le transport routier, il n’est, soit dit en passant, pas inutile de rappeler qu’Europe écologie – Les Verts militent pour d’autres choix, comme le ferroutage.
Nous pourrions alors réellement transformer l’avenue Thiers en boulevard urbain avec des arbres, des trottoirs larges, des voies propres pour les bus, des pistes cyclables, des passages piétons plus réguliers. Un tel programme correspondrait enfin à une volonté politique qui privilégie les êtres humains et qui pense l’espace urbain comme un lieu de sociabilité, et pas seulement une ville dortoir ultra ségréguée, triste héritage d’une droite visiblement incompétente et qui gouverne cette ville et l’agglomération depuis bien trop longtemps.