Questions écrites soumises au conseil municipal de Melun du jeudi 23 juin par le groupe politique « Bien Vivre A Melun »
Les récentes inondations qui ont touché notre ville et frappé plus particulièrement certain-e-s de nos concitoyen-ne-s ont jeté une lumière crue sur un modèle de développement et d’aménagement du territoire qui rend ces désastres inévitables et, en particulier à Melun, la mauvaise gestion du développement urbain qui s’est fait au détriment de la protection de la nature et des habitant-e-s.
Dans ces conditions, nous voulons savoir :
1. Aménagement du territoire
La mairie entend-elle arrêter de permettre qu’on construise en zone inondable ?
La mairie entend-elle réviser son PLU et revoir les zones inconstructibles en tenant compte de l’expérience présente afin d’empêcher les futurs projets d’aménagement qui entraineraient une artificialisation des sols et ou immobiliers en zone inondable et protéger sa population ?
La mairie entend-elle arrêter l’artificialisation de ses sols et sanctuariser les espaces encore naturels sur son territoire ? En effet, ces espaces jouent un rôle fondamental dans la régulation du climat local, l’absorption des eaux de pluie et peuvent constituer des zones tampons indispensables à la protection des habitations.
La mairie entend-elle demander à l’Etat que Melun soit considéré comme un Territoire à Risque d’Inondation (TRI) ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (cf. carte ci-dessous) afin que ses habitant-e-s puissent bénéficier des mesures spécifiques qui leur sont réservées.
La mairie entend-elle travailler en lien avec les agriculteurs et agricultrices qui exercent dans ses environs afin qu’ils et elles s’orientent vers l’abandon progressif des intrants chimiques et autres produits phytosanitaires qui en tuant la vie dans les sols (stérilisation) réduisent de moitié leur capacité d’absorption des eaux de pluie ?
Parmi les facteurs aggravants du phénomène inondation, la calibration et la forte artificialisation des cours d’eau, qui en accélèrent le débit, sont très importants. A Melun, l’Almont constitue un très bon exemple de ce qu’il ne faudrait surtout pas faire. Qu’est-ce que la mairie entend mettre en oeuvre pour y remédier ?
2. Lutte contre la pollution des eaux : l’état chimique de l’eau de l’Almont est systématiquement mauvais.
Les inondations ont rendu visible un problème minoré le plus souvent par les responsables politiques : la pollution des cours d’eau. Les habitant-e-s des rives de l’Almont se sont plaints que l’eau de la rivière était chargée en substances pétrochimiques. Dans les journaux, on a pu lire qu’il s’agissait de cuves de fioul de particuliers qui avaient cédé sous la pression de l’eau.
Peut-être, mais que savons-nous de manière certaine ?
La gestion des eaux de ruissellement et la gestion à la source des eaux pluviales à Melun ne sont pas satisfaisantes et favorisent le transfert de pollution d’origine urbaine (particules de frein, particules d’essence et de gazole, huiles de moteur, etc).
« Les rejets des sites Total et Grande-Paroisse à Grandpuits (77) contribuent significativement à la pollution accidentelle de l’amont du ru d’Almont-Ancœur et du ru d’Iverny. Ces sites constituent des sites industriels majeurs classés SEVESO. »
Enfin, les pollutions diffuses agricoles affectent significativement l’Almont et ses rus affluents : « La qualité physico-chimique de l’Almont-Ancœur est mauvaise dès l’amont, due à des déclassements sur l’azote et le phosphore, auxquels contribue l’industrie. (…) En ce qui concerne la qualité chimique, on observe des déclassements importants par les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et les pesticides principalement. » Nous rappellerons ici que les HAP sont des polluants toxiques cancérigènes pour la plupart d’entre eux.
Ajoutons que l’ensemble de ces cours d’eau alimentent la nappe du Champigny qui constitue notre source principale d’approvisionnement en eau potable.
Quelles mesures de court et de long terme la mairie de Melun entend prendre pour réduire drastiquement les pollutions d’origine industrielle (y compris agricole) et urbaine qui affectent dramatiquement l’Almont et la Seine et améliorer le fonctionnement, la continuité écologique et le peuplement de ces rivières ?
Parmi elles, nous souhaiterions des réponses précises sur les mesures suivantes (certaines de ces mesures sont déjà présentes dans le plan territorial d’actions prioritaires 2013-2018 de la Commission territoriale rivières d’île de France) :
prévenir le transfert de pollution à la nappe du Champigny (pesticides, HAP, PCB…)
favoriser l’infiltration des eaux pluviales non ruisselées vers la nappe pour contribuer à sa recharge,
permettre le stockage et la réutilisation d’eau de pluie contribuant à limiter les prélèvements en nappe.
récupérer et traiter les eaux de pluie ruisselées
lutter contre les rejets urbains et industriels
la renaturation des berges de l’Almont
travail conjoint avec les communes concernées par le trajet de l’Almont et de ses rus affluents
prévenir la pollution accidentelle (y compris pluviale) d’origine industrielle ou artisanale
3. Développer une culture du fleuve et de ses affluents, préserver la mémoire des crues pour se protéger des inondations
Quelles mesures concrètes à la fois ponctuelles et récurrentes la mairie entend-elle mettre en place afin de susciter une véritable culture du risque inondation dans la population ?
Parmi elles, nous souhaiterions des réponses précises sur les mesures suivantes :
préservation et entretien des repères historiques des crues
actions de formation et de sensibilisation aux risques d’inondation
développement d’une véritable culture du fleuve, des services incommensurables qu’il rend à la population mais aussi des dangers auxquels il l’expose dans le cas d’une gestion irresponsable de l’aménagement du territoire et d’un développement urbain guidé uniquement par des intérêts économiques.
Nous vous remercions pour les réponses que vous voudrez bien nous apporter.
Bénédicte Monville-De Cecco (EELV-BVAM)
Claude Bourquard (BVAM)